« L’Amour avec un grand I »
Discours Pathways
2021
Prologue
Je suis amoureux. Ça fait 23 ans. Un amour fou, inconditionnel, viscéral. Tout a commencé à Dijon en 1998. Et depuis on ne s’est plus jamais quittés.
Vous voulez connaître le nom de ma muse ? Elle ne s’appelle ni Calliope, ni Erato, ni Clio, mais… Impro.
Je vais vous parler de 3 chapitres importants de notre histoire : comment je l’ai connue, notre première rencontre, nos moments difficiles. En en épilogue, notre avenir.
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Chapitre 1 : la révélation
En 1994, j’étais étudiant à Reims. Et c’est dans ma petite chambre universitaire du CROUS que j’ai eu la révélation. En écoutant mon petit poste Radio cassette (SVP !) (Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…)
De retour de cours, je me suis branché comme à mon habitude sur Fun Radio pour écouter mon idole de l’époque : Max de Fun Radio, l’autoproclamé « Roi de la radio ». et c’est dans le flot de son débit mitraillette, que j’ai eu la révélation.
Il existait une forme de théâtre spontané : l’improvisation théâtrale !
Pas de texte à apprendre, pas de style imposé, et une place de choix faite au rire ! J’étais conquis.
Mais déception : aucune activité de la sorte n’existait dans la ville des sacres.
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Chapitre 2 : la première rencontre
J’ai dû attendre 4 ans avant de pouvoir embrasser mon activité chérie. Pendant ces 4 années, l’improvisation théâtrale était pour moi une affaire classée. Pour l’oublier je m’étais investi corps et âme dans la pratique du karaté. Je suis ainsi passé de ceinture blanche à ceinture marron, de petit scarabée à Bruce Lee.
Mais dès mon arrivée à Dijon pour poursuivre mes études en biochimie, je me suis mis à chercher si on pouvait faire de l’impro à Dijon. Et là… Bingo Bango ! ou Eurêka ! dirait plus stoïquement Archimède. La L.I.B., Ligue d’Improvisation Bourguignonne allait entendre parler de moi.
Jocelyne était ma toute première coach. Après les présentations d’usage, me voilà lancé !
J’incarnais un robot fébrile de magasin de jouets par-ci, un kangourou désespéré par-là, et pour finir un annuaire téléphonique parlant interminable.
Ridicule. Nul. Humiliant. Lamentable.
J’avais envie de décéder. Je n’avais qu’une envie : m’enfuir le plus loin possible.
Mais quand cette dernière impro fut finie, ce fut un tonnerre d’applaudissements. Un océan de bienveillance.
Alors je me suis dit : « Je vais peut-être revenir ». J’y suis retourné chaque semaine.
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Chapitre 3 : des moments difficiles
Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Et les planches d’une scène de théâtre ne dérogent pas à la règle.
Vis ma vie d’improvisateur et tu connaîtras le doute, l’abattement, la mesquinerie, la jalousie et… la résilience.
J’ai vécu mon moment difficile le plus marquant en 2005 à Nancy. J’étais un jeune improvisateur en vogue. Sur scène, j’étais un cheval fougueux débordant d’énergie. J’étais dans mon monde. Peut-être trop. Parce que si l’idée de mon partenaire n’arrivait pas assez vite ou ne me paraissait pas assez exaltante, je la balayais d’un revers de main et la remplaçait aussitôt par la mienne.
Si l’amour rend aveugle, la vanité rend sourd.
Et c’est lors d’un bilan après spectacle que les langues ont commencé à se délier. Et les reproches ont commencé à pleuvoir. J’en restais sans voix. Je n’avais rien vu venir. J’étais touché, blessé, à terre.
Puis la traversée du désert. Plus d’étincelle. Plus d’inspiration. J’étais l’ombre de moi-même. L’étoile montante se mourrait.
A tel point qu’un ami comédien me secoua : « Qu’est-ce qui t’arrive ? qu’est-ce que tu fais ? Tu as perdu ton étincelle, ton feu sacré. Ça suffit ! alors maintenant tu te relèves ! tu t’éclates sur scène ! et tu les em…bêtes ! »
Cette parole fut un véritable électrochoc.
Personnalité et générosité. Flamboyance et prévenance. Le phénix était en train de renaître de ses cendres.
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Epilogue
Je vis un Amour avec un grand I. Depuis 23 ans. On a connu des hauts et des bas, des joies et des peines. Et maintenant ? Quel avenir pour nous ?
En France 45% des mariages finissent par un divorce. Qu’en sera-t-il de nous, Impro ?
Aujourd’hui encore, tu me fais rire, tu me fais vivre 1000 vies, tu es ma philosophie de vie.
« Life is a slow impro ». La vie est une lente improvisation.
Grâce à toi, j’arrête de vouloir tout contrôler. J’embrasse la vie.
Tu es la maîtresse de mon destin, le capitaine de mon âme.
Impro, je t’aime.