« L’homme qui courait plus vite que le vent »

« L’homme qui courait plus vite que le vent »

1er Prix

Concours Toastmasters à Metz

Catégorie discours inspirant

8 avril 2017

 

Un retour triomphal

 

New-York, 3 septembre 1936.

Dans les rues de Manhattan des centaines de milliers de New-Yorkais se rassemblent pour accueillir les athlètes médaillés aux Jeux Olympiques de Berlin. Les héros sont de retour.

Une parade immense les attend. Un détour par Harlem rend hommage aux 18 athlètes Noirs engagés à Berlin. Ils rapportent 14 des 56 médailles de la délégation américaine. Leur chef de file, surnommé « l’antilope brune supersonique », s’appelle Jesse Owens.

 

 

***

Un petit garçon presque comme les autres

 

James Cleveland Owens naît en 1913 en Alabama. C’est un petit garçon comme les autres. Il aime faire le casse-cou, embêter sa sœur Pearline et rêve de courir plus vite que le vent.

Mais c’est un petit garçon noir dans une Amérique ségrégationniste.

 

L’Amérique ségrégationiste

 

La guerre de sécession finit en 1865. L’esclavage est aboli. Mai les lois Jim Crow maintiennent les citoyens noirs dans leur condition de sous-homme. Ils n’ont pas accès aux mêmes lieux que les Blancs : les écoles, les hôtels, les restaurants, les parcs, les plages, les bus, les ascenseurs, les toilettes publiques…

De son côté, le Ku Klux Klan renaît de ses cendres. Les lynchages et exactions font des dizaines de victimes chaque semaine d’un bout à l’autre du pays.

 

La pauvreté

 

C’est dans ce contexte que grandit le jeune Jesse. Ses parents sont des métayers pauvres d’Oakville. Jesse ne possède qu’un seul vêtement et ne mange pas à sa faim.

La malnutrition et les hivers rudes le rendent sensible aux infections et aux pneumonies. C’est un enfant malingre et fragile.

 

Condamné à une existence misérable

 

Son père, Henry Owens, est discret et résigné. Il ne proteste pas. Il ne lutte pas. Il ne conteste pas le sort qui prive sa famille de nourriture.

Jesse a toutes les raisons de vivre lui aussi une existence misérable. Mais il a son rêve : courir plus vite que le vent. Et dans sa vie il va rencontrer 3 personnes déterminantes pour sa destinée extraordinaire.

 

Mary Emma Owens

 

Mary Emma Owens a un caractère bien trempé. Tout le contraire de son mari. C’est elle qui « opère » son petit garçon de 5 ans, à vif, au couteau de cuisine pour le guérir de mystérieux bubons qui recouvrent son corps. Le gamin d’Alabama tirera ainsi sa force et sa confiance de sa mère.

 

Charles Riley

 

Charles Riley est le professeur de gym et l’entraîneur de l’équipe d’athlétisme du collège de Jesse Owens. Il est son premier mentor sportif. Il lui inculque le goût du travail et de la persévérance. Il lui apprend à courir comme un pur-sang : toujours rester relâché jusqu’à la ligne d’arrivée.

 

Il bat tous les records au collège, puis au lycée. Que ce soit en hauteur, en longueur ou sur toutes les distances de sprint possibles.  Il devient une célébrité scolaire. Toutes les universités du pays se battent pour le recruter.

Mais Jesse suit les conseils de Charles. Il intègre l’université de Colombus dans l’état de l’Ohio. Même si le campus pratique la ségrégation raciale.

 

Larry Snyder

 

Jesse est logé à l’extérieur du campus, avec les autres athlètes noirs. Une humiliation de plus malgré son statut de champion. Mais peu lui importe. Il va être entraîné par Larry Snyder. Cet homme révèlera 8 champions olympiques durant sa carrière. Il apprend à Jesse à améliorer ses techniques et ses performances. Ce 2e mentor est un soutien moral indispensable. Car en plus de ses entraînements intensifs, Jesse cumule les études, les petits boulots et son rôle de jeune papa.

 

Les Jeux Olympiques de Berlin

 

1er août 1936. Les Jeux Olympiques de Berlin commencent. Tout est conçu pour marquer le triomphe du nouveau régime nazi. Adolf Hitler veut démontrer la supériorité de la « race aryenne ».

Le 4 août, lors de l’épreuve de saut en longueur, Jesse Owens, l’américain noir, rencontre son rival Lutz Long, l’allemand blond aux yeux bleus. Une amitié naît immédiatement entre eux, devant 120.000 spectateurs acquis à la cause nazie. Lutz va même jusqu’à conseiller Jesse pour son saut. L’américain devient champion olympique. L’allemand le félicite chaleureusement malgré la présence d’Adolf Hitler dans le stade.

Ce geste magnifique de fraternité est l’image la plus belle que le sport nous ait donné.

 

 

*** 

 

 

 

Jesse Owens, le champion noir américain, le fils de métayers, le petit-fils d’esclaves a défié toute sa vie l’existence qui lui était réservée, entre misère et racisme, même dans son propre pays.

 

Le 4 août 1936, Jesse et Lutz, nous ont donné une extraordinaire leçon d’humanité. Une amitié simple et sincère entre un être humain et un autre être humain.

Nous appartenons tous à l’espèce humaine. Que l’on soit blanc, noir, jaune, rouge …ou bleu de froid comme souvent en Lorraine.

Au lieu de construire des murs, construisons des ponts.

Au lieu d’avoir peur de l’autre, allons vers lui.

Et au lieu de voir ce qui nous sépare, voyons plutôt ce qui nous rapproche.

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